L’intelligence de cette femme qui n’avait même pas l’air de l’être la rendait diabolique

Ses interventions s’étaient révélées coupantes, péremptoires : elle avait traité certains d’imbéciles, de crétins, de narcisses, puis avait déchiqueté leurs témoignages ; dans ces cas-là, elle se montrait d’autant plus formidable qu’elle visait juste. Il était difficile de réhabiliter ensuite ceux qu’elle avait déchirés, rien ne repoussait sur des terres qu’elle avait brûlées. L’intelligence de cette femme qui n’avait même pas l’air de l’être la rendait diabolique. Quelle que soit l’attitude qu’elle adoptât, elle troublait.

Eric-Emmanuel Schmitt
L’empoisonneuse
(Page 18)
Editions Albin Michel
Concerto à la mémoire d'un ange