Grégoire Polet– Moi, je ne veux pas rester ici. J’ai peur, ici. J’ai peur de Belito. J’ai pas envie d’avoir douze ans et d’aller à la ferraille.
– Aller à la ferraille ?
– Quand j’aurai douze ans, je devrai aller à la ferraille. Comme Toni. Le soir, la nuit, aller démonter les rails ou les fils électriques au-dessus des trains. C’est dangereux. et on doit se battre avec les Gitans, on les a au cul.
– Pour quoi faire ?
– Pour les vendre, malin ! Tu sais ce que ça vaut, un rail ? Faut voler les croix de bronze dans les cimetières, les dessus de poubelles, les gouttières, les plaques d’égout. Je sais bien, un jour j’ai été avec Toni, pour voir. Même les panneaux de signalisation, faut les prendre.
Hans se plonge le front dans les mains. Il murmure à part lui.
– Nom de Dieu de nom de Dieu.