Cet impôt était dit de « capitation ». On l’appelait aussi « le prix de l’âme ».

Chaque année, il appartenait aux chefs de province (devenus chefs de canton depuis la réforme administrative et la destitution du roi) de collecter, pour le compte de l’administration coloniale, l’impôt levé sur les populations. Il y allait de leur poste. Cet impôt était dit de « capitation », c’est à dire calculé en fonction du nombre de « têtes » à l’intérieur de chaque famille. C’était bien la forme la plus injuste d’imposition puisqu’une famille, qu’elle soit riche ou pauvre, était taxée uniquement en fonction du nombre de ses membres. On l’appelait aussi « le prix de l’âme ». Celui qui était incapable de s’en acquitter ne pouvait vivre en paix : ou bien il était jugé et emprisonnée, ou bien, pour se procurer la somme nécessaire, il était obligé de vendre ou de mettre en gage ses biens s’il en avait, sinon ses propres enfants – coutume qui, hélas, se généralisa à l’époque.

Amadou Hampâté Bâ
Amkoullel, l’enfant Peul
Mémoires
(Page 84)
Éditions BABEL
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