Que d’histoires parce que le roi aime à se rôtir le balai dans ma fille.

Gabriel de Rochechouart, duc de Mortemart, se sert une petite eau de cerise, en propose à son gendre qui refuse d’un geste en soupirant :
– Donc, il n’y a que mon oncle – Henri Gondrin, l’archevêque de Sens – pour prendre mon parti… Lui, blâme en plaine chaire l’adultère du roi.
– Sa majesté l’amadouera avec un chapeau de cardinal. Louis-Henri, être cocu, c’est la chance de votre vie. Ne la ratez pas, elle ne repassera pas.
– Comment peut-on penser que je me tairai, m’en accommoderai ?…
– Vous êtes fou.
– Fou de Françoise.
– Ah, ça le reprend ! Que d’histoires parce que le roi aime à se rôtir le balai dans ma fille.
Montespan hésite à s’illustrer par un beau-parricide.
– Louis-Henri, acceptez cet état de fait sinon tout le monde finira pas vous trouver mauvais goût. Le roi est irrité par les manifestations bruyantes et réitérés d’un sujet assez insolent pour oser lui réclamer sa femme. Vous devenez dans Paris un sujet de comédie. D’ailleurs il paraît que Molière écrit une pièce sur vous.
– Ah bon ?

Jean Teulé
Le Montespan
Page 125
Julliard
Le Montespan, Jean Teulé