Eric-Emmanuel SchmittOn a marché dans les jardins des Champs-E lysées, entre les théâtres et le guignol. Puis rue du Faubourg Saint-Honoré, où il y avait plein de magasins qui portaient des noms de marque, Lanvin, Hermès, Saint Laurent, Cardin… ça faisait drôle, ces boutiques immenses et vides, à côté de l’épicerie de monsieur Ibrahim, qui était pas plus grande qu’une salle de bains, mais qui n’avait pas un cheveu d’inoccupé, où on trouvait, empilés du sol au plafond, d’étagère en étagère, sur trois rangs et quatre profondeurs, tous les articles de première, de deuxième… et même de troisième nécessité.
– C’est fou, Monsieur Ibrahim, comme les vitrines des riches sont pauvres. Y a rien là-dedans.
– C’est ça le luxe, Momo, rien dans la vitrine, rien dans le magasin, tout dans le prix